Tel que nous le voyons aujourd'hui, il est dans un piètre état : quelques pans de murs gris et tristes, mangés par la végétation. Mais auparavant, ...
En avril 1597, le baron de Louët demande aux habitants la permission "d'édifier un château au puech du fort où [étaient] les maisons le temps passé". Les habitants ne permettent pas, "attendu que le fort est des habitants et que les habitants en paient les tailles".
Le conflit sourd ; chacun cherche ses papiers "concernant leurs droits et privilèges" (les consuls doivent alors "trouver un homme qui entend le latin" -et le rémunérer-) avant de consulter son avocat.
En juin 1597, les conseillers consulaires tentent une conciliation : on permettra d'édifier le château, "pourvu qu'on limite et on borne ce que doit contenir le château et que transaction en soit passée". Mais le baron refuse et presse les consuls pour un arbitrage d'avocats.
En août 1597, le baron demande aux habitants de déblayer et nettoyer le terrain qu'il prévoit pour édifier son château. Ceux-ci refusent, car "cela pourrait porter préjudice à leurs privilèges et droits".
Las ! Manants contre seigneur, pauvres contre riche... En septembre 1597, par délibération prise en conseil général, "la Communauté consent que le baron fasse son château et les consuls feront [mettre le terrain en état] par tous les habitants".
Le baron aurait-il présumé des ses moyens financiers ? Ou, peut-être accaparé par la rénovation du château de Marsillargues menée dans le même temps, se serait-il désintéressé de la construction ? En tout cas, le bâtiment ne sera jamais mené à son achèvement.
La famille Louet gardera cependant la propriété du château jusqu'à la Révolution. Il semble qu'elle l'ait vendu, dans les années 1790, au meunier Jean Fosse, qui le fit démolir et araser en 1798 pour y édifier un moulin à blé, encore visible aujourd'hui mais devenu un mausolée.
Quelque temps après, en exécution d'un arrêté du Préfet de l'Hérault du 7 Vendémiaire An VIII (29 septembre 1799) pris dans le cadre de la loi du 14 ventôse An VII (4 mars 1799) sur l'aliénation des biens nationaux (biens engagés), Antoine-Jean Nogaret (marquis de Calvisson, domicilié à Marsillargues) paie 25 F. (pouvant être estimés à 50 € actuels) pour conserver la propriété des vestiges du château évalués à 100 F. (pour comparaison le "bois de Calvisson", aussi propriété de la famille, est évalué à 9 410 F.).
Au cadastre Napoléon, le moulin et le pré -alors- qui l'entoure sont la propriété de Jean-Pierre Michel, marchand de grains.
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Il y a quelque mille ans, le château de Calvisson avait fière allure. Il appartenait alors aux vicomtes de Nîmes, la famille Bernard-Aton. Des historiens du 18è siècle ont écrit qu'il était en 1121 l'un des "plus considérables des environs de Nîmes".
Vicissitudes des guerres et alliances fluctuantes entre seigneurs de cette époque... Il finit par tomber vers 1250 dans l'escarcelle colonialiste du roi de France.
En 1304, il fait partie de la dotation royale de Philippe IV le Bel à Guillaume de Nogaret. Le château sera un peu plus tard décrit ainsi (texte traduit du latin en français et mesures d'époque -cannes et pans- converties en mètres) : un logis royal, long de 28 mètres avec des murs de 12 mètres de haut, et deux tours, l'une de 22 mètres de haut sur 4,50 mètres de large et l'autre de 19 mètres de haut sur 7,50 mètres de large. Rien n'indique si les tours étaient rondes ou carrées ni comment ces trois bâtiments étaient disposés. Et l'ensemble occupait un peu plus de 2 000 m².
Des actes notariés ultérieurs permettent cependant de présumer qu'ils étaient entourés d'une église (Saint-Pierre) et d'habitations villageoises.
Fut-il habité par Nogaret et ses descendants directs ou fut-il seulement une "place militaire" ? Rien ne permet de le dire.
Faute de descendance masculine chez les Nogaret et ensuite, le château arrive vers 1460 dans la famille de Louët (Louvet - Louet).
Le château fut habité dans les premiers temps de la possession par Louet ; plusieurs actes y sont notariés dans les années 1480.
En novembre 1571, "Dame Marguerite de Castelane, veuve douairière de Calvisson, et Monsieur Jehan de Fons, conseiller et garde des sceaux pour le Roi au siège présidial de Nîmes" s'accordent par transaction devant notaire pour mettre fin à leur procès : M. de Fons continuera la construction de son moulin à vent, entreprise sur les ruines d'un bâti ancien sis entre le château et le fort où était auparavant édifiée la ville, et en contrepartie moudra gratuitement et prioritairement tout le blé nécessaire au châtelain et à sa famille tant que le château sera habité.
Une transaction instructive : le château apparaît habité à titre de résidence principale. Mais vient une interrogation : ce château, qui semble établi hors du "fort vieux" où était le village jusque dans les années 1480, serait-il à un endroit différent de celui visible aujourd'hui ?
Victime des guerres de religion, le château sera pris en janvier 1573 et occupé sans être détruit par les catholiques royalistes de Henri Ier de Montmorency, Maréchal de Damville, gouverneur de Languedoc, qui dévasteront le village presque entièrement acquis à la Réforme.
Le même Maréchal de Damville qui, gouverneur déchu et passé dans le camp des confédérés "religionnaires", ordonnera en février 1575 de le démanteler entièrement.
C'est vraisemblablement alors que les Louet partirent s'installer à Marsillargues.
Mais un document reçu récemment d'une collection privée (F. de Fabrique, descendant de Bartholomy de Fabrica, personnage marquant pour la Ville dans les années 1570-1620) permet de s'interroger sur l'éventualité d'une volonté de réparation dès l'année 1579.
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